The Sichuan Broadcasts
- Broadcast one: Demagogical fulmination
- Broadcast two: Truth sick.(1)
- Truth sick.(2)
- Truth sick.(last)
- Broadcast three: An irreversible mental event.(1)
- An irreversible mental event.(2)
- An irreversible mental event.(3)
- An irreversible mental event.(4)
- An irreversible mental event.(5)
- An irreversible mental event.(last)
- Broadcast four (I): Maobadi trek.(1)
- Maobadi trek.(2)
- Maobadi trek.(3)
- Maobadi trek.(4)
- Maobadi trek.(4bis)
- Maobadi trek.(4ter)
- Maobadi trek.(4quater)
- Maobadi trek.(6)
- Maobadi trek.(7)
- Maobadi trek.(9)
- Maobadi trek.(14)
- Maobadi trek.(15)
J'allais à l'usine pour organiser le prolétariat en classe pour soi, c'est-à-dire en classe cosciemment révolutionnaire. Le problème était de savoir pourquoi le prolétariat ne parvenait pas à s'organiser lui-même, pourquoi même il était traversé par les idéologies les plus réactionnaires. D'après les camarades, la cause en était la concurrence. Les chômeurs en concurrence avec les salariés pour le travail, les précaires avec les cdi dans la boîte, les ouvriers en place entre eux pour les postes les moins fatiguants et les bons horaires. C'est vrai que cette concurrence pour des avantages matériels existe, et qu'elle génère une ambiance pourrie de chacun pour soi. Mais ce qui m'a surtout frappé, moi, à l'usine, c'est la compétition psychique. Les gens passent leur temps à se dire du mal les uns sur les autres, à s'embrouiller pour des histoires de repect, de jalousie ou de regards soit-disant de travers. Pas étonnant que personne ne se pose la question de s'organsiser, personne ne s'encadre! Bref, il semble que la majorité des êtres humains fasse passer ses satisfactions narcissiques avant la défense de ses intérêts matériels.
Quand je me suis établi, la première chose qui m'a frappé, c'est à quel point Marx avait raison d'écrire que la théorie de la valeur-travail était immédiatement compréhensible par les ouvriers; et à quel point ils étaient parfaitement conscients d'être exploités. Au cours des premières discussions que j'ai eu à Asnières, et bien souvent par la suite, il était évident que la quantité de travail que le système leur rendait sous forme de marchandises étaient très inférieure à la quantité de travail qu'ils lui fournissaient. Le problème, c'est que ça ne leur posait aucun problème. En gros leur idée était qu'organiser la production, c'est très compliqué, très fatiguant et que ça prend beaucoup de temps. Aussi est-il normal que les patrons qui s'occupent de ça gagnent plus; seulement, il ne faut qu'ils exagèrent trop, il faudrait qu'ils ne soient pas trop gourmands. J'étais confrontés à des ouvriers conscients qui vivaient leur condition presque comme un choix volontaire: organiser la société, la production, ça nous gonfle, on préfère sacrifier 39 heures de notre vie par semaine au capital, et mener notre petite vie familiale et amicale par ailleurs.
Je suppose que ce devait être au printemps 1996. Après un nouvel accès de repentir, je partais pour Strasbourg en stop,la casquette vissée sur le crâne et une barbe de quelques jours. Pour rejoindre la nationale 4, j'avais pris la ligne 8 pour aller jusqu'à la porte dorée. Dans cette période de confusion mentale, j'avais comme toujours l'impression de ne plus avoir d'existence individuelle, d'être totalement vide, transparent et absolument présent au monde. J'étais assis dans le sens de la marche de la rame, contre la fenêtre. Un homme grand et très mince, habillé avec une élégance décontractée, s'est assis en face de moi et s'est aussitôt plongé dans un épais volume. Je n'ai vu son visage, qu'après m'être adressé à lui sans aucune préméditation; c'est le titre du livre qui m'avait fait sursauter: Introduction à la lecture de Jacques Lacan.
« C'est sûr que pour lire Lacan, il vaut mieux une introduction... » Mon ton se voulait gentiment goguenard.
Il me regarda avec surprise et me répondit, avec un très fort accent brésilien, sans plus réfléchir que moi qui l'interpelait. : « mais ce n'est pas pour moi, c'est pour mes étudiants ». Il acommencé à m'expliquer qu'il animait un séminaire de formation. Quelques instants plus tard , nous arrivions à Daumesnil où il descendait. Il m'a invité à prendre un café.
La première fois où j'ai été confronté concrètement et longuement au problème de l'oeuvre, c'est quand je suis parti à Cleveland avec Philippe. Il devait remonter (pour la énième fois) le Carmen de Roland Petit. Moi j'étais officielement embauché comme assistant, et effectivement comme interprète, porteur et comfort boy. Philippe est arrivé avec son dossier de l'opéra, avec la copie de l'ensemble des maquettes originales assorties d'échantillons de tissu, des photos des costumes de la production de Paris, une vidéo du spectacle.
Il s'agissait donc de remonter un ouvrage qui avait été créé quelques dizaines d'années auparavant, et qui avait été joué des centaines de fois. Le spectacle existait réellement, quoique de façon paradoxale. Se réalisant à chaque fois de nouveau au cours de chaque performance, dans des théâtres différents, avec des troupes différentes, et toujours à peu prés identique à son Idée originale dévoilée à sa création, Idée demeurant parfaitement identique à elle-même dans le lourd dossier de la production entre chaque reprise.
Notre travail consistait à trouver sur place les tissus nécessaires à la reproduction des costumes, et à donner à l'atelier les instructions pour la teinture, la coupe et le montage. Le maître de ballet faisait à peu près la même chose avec les danseurs. Il leur inculquait le langage chorégraphique du maestro et leur faisait apprendre la chorégraphie. Nous avions à reproduire aussi exactement que possible un événement qui avait été déjà bien des fois reproduit, plus ou moins bien. Nous avions à plier la matière locale à l'idée préexistante, à fondre les tissus et les corps dans le moule de l'Oeuvre éternelle.
Forcément, remonter ainsi un ouvrage amène à croire qu'il en fut de même lorsqu'il fut pour la première fois monté: l'artiste a du arrivé au théâtre avec l'Idée déjà toute parfaite dans sa tête, puis sélectionner les interprètes, le costumier, le décorateur, l'éclairagiste etc. pour la réaliser. D'abord on pense la forme, puis on sélectionne les matériaux pour la réaliser.
Et c'est bien ce dont j'étais convaincu. Une remarque de Philippe m'a quand même mis la puce à l'oreille. D'après lui, Carmen avait été « entièrement monté autour des jambes de Zizi ».
Et puis l'année d'après,
on est parti à Tokyo. Toujours pour Master Little. Mais cette
fois ci il s'agissait de créer un spectacle sur Duke
Ellington pour l'Asami Maki Ballet. Et là, j'ai vu comment ça
se passait. En fait, ce que Mr. Petit avait en tête, c'était
bien une idée, mais alors extrêmement vague. En
revanche, il a un style tout à fait au point, la narrativité
néo-classique: il raconte des histoires simples, qui mettent
en jeu des émotions universelles, dans un langage
chorégrapique néo-classique, c'est-à-dire
l'ensemble des pas et des figures classiques enrichi par des choses
venu du jazz et du contemporain (mais à petites doses, et
intégré de manière fluyide au classqiue). Il
arrive avec son style, et son idée vague (cette fois là,
c'était Duke Ellington), et ensuite il bricole en s'appuyant
sur ce qu'il trouve sur place. Il tire partie des points forts de ses
interprètes, et contourne leurs incapacités; il fait
avec le corps de ballet disponible. Il développe un numéro
parce que les robes proposées lui plaisent et qu'il veut les
mettre en valeur. Il découvre le rythme de son spectacle à
mesure qu'il supprime et rajoute en tatonant. Et le résultat
final n'a plus grand chose à voir avec les premières
ébauches. Et ce résultat final, qui semble pourtant
avoir le soir de la première la perfection de l'évidence,
n'a rien de la réalisation de l'Idée. C'est la
résultante d'un style et d'une matière de rencontre,
dans une rencontre ou la résistance des matériaux épars
a le rôle primordial.
Bref, tout ça pour dire que
fabriquer de la littérature, ça doit se passer à
peu près de la même manière. Sauf qu'il faut à
la fois produire la forme et les matériaux. Ou plutôt,
en tout cas c'est ce que je vais faire, produire des matériaux
et se poser la question de leur mise en forme plus tard. L'essentiel
étant de toute façon le but à atteindre.
Finally, I hit the jackpot: Slobodka.
I often disbelieved what was said, but I never suspected the people who spoke. I didn't lie. How could I have imagined that others were able to tell lies deliberately?
The hills are sparsely inhabited, but there are people everywhere.
Next morning, the musicians of the Sisne Mountain Artistic Family walk us to the crossroads where the path which will take us to the heart of Rolpa veers off the main trail.